Violences conjugales : Angeline, survivante, témoigne

À la veille de la clôture du Grenelle contre les violences conjugales, un rassemblement était organisé ce matin à Bastia. Angeline, survivante de violences conjugales était présente pour témoigner de son vécu. Et parler, aussi, pour celles qui n'en ont plus la possibilité.
 

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« Est ce qu'on doit attendre sept ans après avoir été violentée pour pouvoir dire "je suis divorcée, je peux tourner la page" ? » Si Angeline Castel Franceschini témoigne aujourd’hui, c’est pour donner de la voix aux autres victimes. Celles qui n’ont pas ou plus la possibilité de parler.

Ce dimanche 24 novembre, elle est venue avec l’association « Femmes solidaires » sur la place Saint-Nicolas, à Bastia, pour dénoncer les violences conjugales, et insister sur le besoin d’agir. Et vite.
 

Il faut écouter les personnes qui sont en vie et qui ont subi


« Il faut écouter les personnes qui sont en vie et qui ont subi. Les personnes qui sont décédées victimes de ces violences ne sont plus là pour témoigner aujourd’hui, c'est dramatique. Mais il faudrait que nous, justement, on puisse témoigner pour elles »

Il y a dix ans, elle a souffert de violences psychologiques de la part de son conjoint de l’époque. Après une attaque physique, elle dépose une plainte auprès de la gendarmerie et entame une procédure de divorce. Sa plainte sera classée sans-suite, quant à la procédure de divorce, elle tarde. Malgré le décès de son ex-conjoint, elle est encore aujourd'hui dans le flou administratif.
 

Sensibilisation


Pour tenter à son échelle de sensibiliser le grand public à ces violences, et à tous ceux et celles qui en sont victimes – femmes violentées, mais également leurs enfants et leur entourage – Angeline a pris part à plusieurs rassemblements au fil des ans.

En 2017, elle a même organisé une course à vélo de 70km au départ de l'Arinella, à Bastia. Symbole de ses alors 7 ans de « maltraitance juridique », chaque 10km représentant une année depuis lees violences. Avec un objectif : inviter à réfléchir aux solutions pour réduire la longueur des procédures, et mettre fin à la « non-application des décisions de justice.» A l'époque, elle ne trouve malheureusement aucun écho ni politique ni sociétal.

Début septembre, Angeline s’est félicitée du lancement du « Grenelle contre les violences conjugales ». Une initiative qui l’a encouragé à adresser une lettre à la secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Elle y évoque sa situation et propose d’apporter ses idées et propositions sur la problématique, en sa qualité de survivante.

Le courrier reste pour l’instant sans réponse. Mais Angeline en est convaincue : Grenelle ou non, pour enfin mettre un terme aux violences conjugales, le chemin est encore long.
 
 

Mouvement national


Ils étaient près de 50 000, samedi après-midi, à défiler dans les rues de Paris contre les violences sexistes et sexuelles. Une marée violette de femmes et hommes de tous âges et de toutes professions, venus témoigner de leur soutien. Et de leur colère, aussi.

Manifestants et associations étaient bien décidés à faire entendre la voix des 137 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint* depuis le début de l'année, qui, peut-être a parfois pu être ignorée ou insuffisamment prise en compte.
 

Ca suffit les jolies formulations ou les beaux dessins, il faut dire les choses telles qu'elles sont


"Dans 32 fémicides, c'est Noël" ; "Elle s'habille pas comme une pute, c'est toi qui pense comme un violeur" ; "Pour les douleurs et le sang, on a déjà nos règles"; "Un Oui après 10 Non c'est du viol"... Ils étaient nombreux à arborer des pancartes, aux intitulés souvent volontairement choc. « Ca suffit les jolies formulations ou les beaux dessins, il faut dire les choses telles qu'elles sont » estime Nadiya, 27 ans.

Pour cette commerciale, c'est en partie parce que leurs appels à l'aide ne sont « pas pris au sérieux » que des femmes sont violentées, et d'autres tuées, par leur compagnon, chaque année. « Les hématomes, les insultes, les messages provocateurs, je suis prête à tout montrer si ça peut enfin inciter le gouvernement, et plus globalement les Français, à se saisir de ce problème qui non seulement fait des centaines de mort chaque année, mais détruit les vies de l'entourage des victimes.»
 
Plusieurs familles de victimes étaient présentes au sein du cortège. Nombreux brandissaient des photos de leur proche disparue. Parmi eux, des visages bien connus en Corse : les parents de Julie Douib, 34 ans. Cette maman de deux enfants a été assassinée le 3 mars par son ex-conjoint à son domicile sur l'Ile Rousse.
 

On ne peut pas continuer à entendre que tous les deux, trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint


« Pour moi c'est très important d'être là, explique son père, Lucien Douib. Il faut que cette épidémie cesse. On ne peut pas continuer à entendre que tous les deux, trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint. C'est inadmissible

Le mouvement ne s'est pas arrêté aux portes de la capitale : une trentaine de marches étaient organisées samedi partout en France. Selon le collectif féministe Nous Toutes, au total, ce serait plus de 150 000 personnes qui auraient défilé contre les violences sexistes et sexuelles. 

* Selon un décompte du collectif féministe « Féminicides par compagnons ou ex »
 
3919 : numéro d'écoute national
Si vous ou une personne de votre entourage est victime de violences conjugales, il est possible d'appeler gratuitement « Violences Femmes info » en composant le 3919. Géré par la Fédération nationale solidarités femmes, il permet d'obtenir une écoute et d'être informé et conseillé sur les démarches à suivre.

Le service est ouvert 7 jours sur 7, même jours fériés. Les horaires d'appel vont de 9 heures à 22 heures du lundi au vendredi et de 9 heures à 18 heures les samedis, dimanche et jours fériés. L'appel n'apparait pas sur les factures téléphoniques.
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